2018-11-18 Nuit intense au hackathon#

C’est peu de dire que je suis reparti avec des étoiles plein les yeux et pas seulement parce que je n’ai quasiment pas dormi durant la nuit du hackathon. J’en ai reconnu plusieurs qui à ma grande surprise ont participé à trois hackathons, à ma grande surprise parce que je n’imaginais pas avant la première édition que cet événement deviendrait un périple joyeux et maintenant attendu au point qu’il n’est plus besoin de communiquer sur l’événement à l’école pour convaincre les élèves de participer. Je ne suis pas le seul à repartir du hackathon avec des étoiles, les porteurs de projets admiratifs des efforts et des idées produits durant ces vingt-quatre heures, du sponsor qui contribue un peu plus chaque année, de l’école qui s’investit un peu plus, des élèves qui reviennent malgré le côté fabriqué un peu à l’arrache des défis.

J’ai plus travaillé sur le côté deep learning cette année. Je voulais éviter la difficulté, voire le calvaire de l’année précédente. Il ne faut pas trop d’images pour un tel défi. J’avais prévu aussi d’implémenter une API REST afin que les participants soumettent leurs solutions de façon automatique et que je puisse garder la trace de leur travail. L’autre éceuil que je voulais éviter venait de la petite taille de la base de données. Si les images de celle-ci étaient dévoilées aux équipes, il leur serait alors facile de créer les réponses parfaites manuellement. Il fallait que je puisse exécuter leur modèle sur une machine. L’API REST répondait à ce problème et tout en me permettant de fournir au porteur du projet une certaine reproductibilité des résultats. Tout ceci m’a tenu occupé jusque jeudi minuit et je passai les quatre heures suivantes à regarder les données de Microdon pour définir un challenge qui pourrait tenir en haleine les participants jusqu’au bout de la nuit. Connaissant la structure des données, j’imaginais trois paliers qui induiraient des sauts de performances, l’aspect série temporelle, des données qu’il était possible d’agréger, et enfin s’intéresser à une prédiction pour des campagnes de collectes de dons pour lesquelles il n’existait pas de données pour la simple raisons qu’elles avaient commencé après le début de la période de test. A minuit, je devais préparer les données, implémenter la fonction d’évaluation que je décidais finalement de terminer le lendemain après le début de l’événement, et enfin vérifier les trois hypothèses que je viens d’évoquer. Quelques histogrammes plus loin, il me paraissaient évident qu’il fallait prédire des séries temporelles agrégées par semaine, les séries quotidiennes montraient quelques pics sur l’année. A 3h30, je décidais d’allonger la période de test sur deux mois plutôt qu’un mois et demi pour avoir plus de campagnes inconnues. A 4h, j’envoyais un mail à un mentor pour lui demander s’il avait le temps de jeter un coup d’oeil moins fatigué. Après quelques heures de sommeil, je me réveillais avec l’idée qu’il fallait que l’API REST accepte l’envoi du plusieurs fichiers et pas seulement deux. Deux heures à programmer sans relâche. Il est 11h30, je décide de finir les implémentations d’évaluation lors du hackathon. A 13h30, je change d’avis et j’ouvre ma valise pour enfourguer les cinq coussins glonflables qui ont servi de matelas à aux participants ainsi qu’à moi-même.

14h Je suis à Numa. Je n’arrive pas à me concentrer pendant 10 minutes et c’est pourtant ce dont j’ai besoin pour écrire de foutu code. Je n’ai pas préparer de slides pour les sujets que j’ai épurés à l’extrême pour une compréhension rapide.

14h30 Le premier mentor est là. Jean-Baptiste. Il a organisé le hackathon l’année dernière. Je vais un peu mieux. Il démarre les machines virtuelles sur Azure. Pas facile. Nous luttons contre les limitations, un seul GPU est possible, nous utilisons toutes les adresses mails à notre connaissance. Une lâchera à 4h du matin…

14h35 Les élèves choisissent quelques tables pour poser leurs affaires au premier étage, quelques salles de réunion sont très accueillante.

14h45 J’abandonne mon clavier. Je modifie une dernière fois la page web de l’événement et je lance sa mise à jour. J’adore la disposition à la Chéreau. Les speechs commencent bientôt. Je n’ai pas encore fini d’implémenter tout ce que je voulais, J’anticipe la récupération des images, 4 Go, j’essaye de tout copier sur des clés USB que j’ai achetées juste avant de venir. Ca prend un temps fou. Mon tour de parler arrive bientôt. Le directeur des études mentionne l’arrivée du Python en 2005 à l’école, soit un peu avant tout le monde. Je me redresse, j’étais là et j’y ai contribué. J’arrête les copies. J’écoute les speech. Je passe derrière le rideau pour pousser les derniers arrivés vers les places assises. Je monte finalement sur scène, je présente deux ou trois images et m’en tiens au strict nécessaire quant à la description des sujets. Je me rappelle l’année dernière, j’avais préparé un assez grand speech. Aujourd’hui, pas de transparents, jusque trois images pour un challenge, une description sommaire pour l’autre. Je voudrais déjà donner quelques astuces, deux ou trois petites choses mais je préfère opter pour la simplicité. Le reste se noierait dans l’effervescence.

16h Les chaises vibrent, un premier détour vers le goûter et c’est parti. Je termine la copie des données un peu stressé car cela prend un temps fou, j’aurais préféré faire ça hier. Je fais un tour pour m’assurer que tout va bien, les premières questions commencent, je ferai deux ou trois tournées avant de pouvoir m’asseoir. A peine posé, la première question : au fait, comment suivre la performance sur le sujet de machine learning ? La réponse évoluera au fil du temps,

16h30 Je me pose enfin. Jean-Baptiste se bat avec Azure pour démarrer les VM. Un compte, une VM. Au-delà, nous atteignons un quota qu’il faut débloquer en envoyant un mail, aucune hotline n’a jamais répondu en cinq minutes. Autant dire que nous n’essayons même pas. Les adresses mail s’échangent, la même carte bleue circule. Espérons que cela suffise.

17h Jean-Baptiste termine la liste des VM, je n’arrive pas à me poser pour écrire le script évaluant la prédiction des séries temporelles. Au lieu de ça, je passe au démarrage des serveurs d’API REST. Quelques tournées encore. Plein de questions.

18h Rebelotte. Les groupes discutent stratégie. Qui fait quoi, la direction à prendre, les idées à explorer. J’accueille quelques mentors la tête dans le guidon. Je dois paraître un peu malpoli. “Faites ce qu’il vous plaît”, c’est en substance ce que je leur dis.

19h Les VM sont prêtes et distribuées, je continue à tourner, quelques clés USB s’échangent. Les premiers mentors arrivent. J’explique les challenges. Ils se débrouillent pour la suite. Je prends un verre de vin puis je retourne à mon clavier, la tête courbée sur l’écran.

20h Cohue autour du repas. Quelques verres cassés. Les derniers mentors arrivent. Une demi-heure plus tard, les élèves reviennent à leurs écrans. Un mentor me dit que mon API REST où j’exécute le modèle des élèves pour calculer leur performance va probablement planter car je m’appuie sur pickle et que cela ne marche que dans la même configuration. Tensorflow est encore plus chiant, il faut lui nettoyer les sessions. Nous démarrons une VM identique à celle des participants. J’attends la première soumission avant de me pencher sur le problème. Cela dit mes premiers essais de soumissions n’arriverons que vers 23h. C’est compliqué de trouver une demi-heure sans interruption.

21h Les questions dures arrivent. J’improvise quelques explications sur les séries temporelles. Je partage le fichier des 183 observations attendues : Jour, campagne, ratio. J’explique les séries décalées. Je debugge des installations de Tensorflow sous mac. Non ça ne marche toujours pas sous Python 3.7. La VM d’Azure est toujours sous Python 3.5. Pas sûr qu’elle soit mise à jour. Je n’ai pas le temps de vérifier s’il y a plusieurs versions installées.

22h Les questions vraiment dures : Installer fastai sous Mac. La plus dure arrivera vers minuit pour faire tourner un module récupérer sur internet et faisant de la détection de texte. Je n’y arriverai pas… Je déplie quelques coussins gonflables qui se révèleront très pratiques. Antoine me dit qu’il ne restera pas très longtemps, le second aussi mais il me l’a répété quasiment jusqu’à la fin.

23h Je n’ai pas vraiment le temps de me poser. Je passe de table en table. Ils n’ont pas de questions et puis un peu à la manière de Colombo, au moment où je tourne les talons, Monsieur je n’arrive pas à faire cela, je suis bloqué depuis des heures. Quelques chuchotements me parviennent, ils sont censés retenir un voisin de me poser une question jugée trop simple et qui pourtant les empêche d’avancer depuis pas mal de temps. C’est un des objectifs de l’événement, apprendre à se débrouiller avec des données en utilisant toute l’aide à disposition quand bien même cette personne aurait séché tous mes cours. L’éducation française… La moindre question est synonyme d’ignorance, jamais de curiosité. Et quand bien même, elle traduirait l’ignorance, que peut-on faire à part la poser ? Une des choses que les élèves me disent une fois le cours passé, je réponds vite aux mails, plus vite que la plupart des professeurs.

00h Je ne sais plus trop où j’en suis. Je n’ai toujours pas écrit le code pour évaluer les soumissions, les premiers groupes essayent. Je me suis dit que je m’y mettrai lorsque la première soumission arrivera, ce qui fut le cas une heure plus tard. Antoine me dit qu’il va rentrer. Le premier est déjà parti. Jean-Baptiste est accaparé comme moi par tout un tas de problème liés au deep learning.

1h Première tentative de soumission et première requête d’évaluation à laquelle je réponds que j’ai besoin d’une heure pour évaluer la performance. J’écris le code pendant que Jean-Baptiste et Antoine tentent de débugger un Tensorflow récalcitrant. L’espace est petit mais à trois mentors pour plus de 80 personnes, on n’a plus le temps de se croiser. Le premier temps mort arrivera à 4h du mat. Entre-temps j’écris ce foutu bout de code. Je me rends compte que je n’ai toujours pas décidé de la métrique à utiliser. J’en code plusieurs. Puis je me dis que les participants n’ont pas les données. Il leur sera difficile de choisir une direction à partir d’un seul nombre. Je calcule la métrique sur différents segments de campagnes en fonction du nombre de dons. Implicitement, ils ont une idée de la performance sur les campagnes ayant démarré depuis longtemps et sur celle qui viennent de la faire.

2h Première soumission évaluée. 100 vont suivre jusque 15h. Pause détente. Je repasse parmi les groupes. Enfin, je ne me souviens plus de ce j’ai vraiment fait mais c’est probablement ce que j’ai dû faire. J’ai un moment de fatigue, j’hésite à dormir maintenant. Deux autres mentors sont là. J’ai la tête qui tourne un peu et la nuit courte précédente, 4h, y est pour beaucoup. Et nous sommes toujours autant sollicités. Je refais un tour pour prévenir que je fais un petit somme, ça prendra deux heures.

3h 4h Je repasse au deep Learning. Le petit coup de fatigue est passé. Je grignote un peu. Les questions continuent.

4h Je m’octroie finalement une petite pause. J’ai reçu la première soumission de deep Learning mais rien ne marche comme prévu. Je choisis de somnoler une heure allongé comme je peux recouvert par un sac de couchage. J’attends les gens qui mangent parlent sortent, le premier étage a lui aussi sombré. Je crois que certains sont partis chez des amis. Il y a moins de monde c’est certain. Des 3A me disent qu’elles ont failli ne pas revenir. J’avoue que j’ai eu un peu peur à ce moment-là. Jean-Baptiste me dit qu’une VM est morte. Il se bat contre Azure pour en démarrer une autre. Quand on est fatigué, tout est plus dur.

5h Je me relève. J’ai froid, signe que mon corps s’est quelque peu reposé. Les mentors n’ont toujours pas dormi. Antoine me dit qu’il ne sait pas s’il va rester. Un élève raconte les musées fermés de Barcelone. Hilarant. Je ne suis pas le seul à rire. Mais il faut l’avoir écouté raconter son voyage… Je termine de coder ce bout de code. Les deux soumissions fonctionnent, du moins sur le principe.

6h Je passe à l’étage. Ca dort et ça se réveille. Au rez-de-chaussée, les coussins gonflables ont du succès. Les soumissions recommencent. Je crois que des étudiants reviennent mais les bugs sont revenus me hanter. Je suis un peu aveugles à tout ce qui se passe. Je vois un groupe étendu sur le fatboy que j’ai troqué avant de dormir, j’ai échangé leur coussin gonflé pour un matelas dégonflé. Ils ont gagné au change, je ne me voyais pas agité les deux mains pour remplir d’air ce gouffre rebondissant.

7h Un étudiant me pose une question sur les campagnes commencées après le début de la période de test. Il souhaite avoir plus d’info. Je lui donne la composition des campagnes, la liste des collecteurs, car c’est quelque chose de connu au moment de faire la prédiction. Je le partage avec tous les participants. Intérieurement, je suis aux anges. J’avais volontairement masqué cet aspect pour garder une problématique simple très bien transcrite dans la vidéo de l’événement. Je savais que cette piste leur permettrait de grappiller quelques points de performance. Pour une fois, les quatre astuces que je voyais dans les données ont été découvertes par les étudiants. La bataille n’est pas finie. J’ai beaucoup d’espoir à ce moment-là et j’ai eu raison. J’ai croisé une élève deux semaines plus tard qui me donnait quelques échos… Les participants ont beaucoup aimé cette édition qui a été passionnante jusqu’au bout.

8h Café. Il est le bienvenu. 5 minutes après, c’est le déluge. Tensorflow fait des siennes. Les trois mentors sont autour de la table. On ne peut plus bouger. Nous sommes assaillis. Il faut comprendre pourquoi Tensorflow plante, récupérer les exceptions. Je passe mon temps à réexécuter les codes des élèves. En même temps, je rafraichis le leaderboard ML. Le deep Learning patine un peu. Une élève est attendue par son groupe pour une discussion stratégique. Elle a disparu pour régler un deep problème. Elle est au rez-de-chaussée avec trois mentors qui jouent des parties d’échecs en parallèle. C’est fou.

9h Je ne vois plus le temps passer. Je suis assis sur la même chaise depuis des heures. La première soumission deep est passée. Les groupes de machine learning se font la course poursuite sur le leaderboard. Le premier a remis un petit cran. Côté deep, Tensorflow fait vraiment chier. Le même code plante lorsqu’il est lancé d’une certaine façon mais pas d’une autre. Serait-ce dû au fait que le programme est importé dynamiquement ? Bizarre quand même. Je recette de ne pas avoir implémenté le calcul des perf dans un autre processus. J’ai mis une issue sur github. Il va falloir que je lance pas mal de trucs à la main. Merde.

10h Ca continue. Ca continue. Ca continue. Je ne sais plus ce qu’il se passe. J’entends qu’il y a plus de monde mais ma vue se résume aux écrans posés devant moi. Le deep fait chier, vraiment chier. Pourquoi tout le monde prend Tensorflow ? Ca marche bien sur les machines des élèves mais ça voyage très mal. Il parait qu’il faut nettoyer les sessions Tensorflow. Ca aide un peu mais ne résout pas tout. Mais il y a quoi dans Tensorflow pour que cela soit aussi instable en plus d’être très verbeux ? Merde !

11h Je suis toujours assis sur mon tabouret. EY est là je crois, Latitudes aussi, je ne suis pas sûr. Les soumissions s’enchaînent et je dois mettre à jour le leaderboard manuellement. Le reste du temps consiste à debugger les soumissions deep Learning qui retournent des résultats différents sur ma machine et sur celles des participants. Le cameraman me demande comment ça va… Disons qu’il y a le feu partout mais à la différence de l’année dernière, je suis capable de calculer des scores. Trois groupes s’affrontent pour le titre de la meilleure perf sur le sujet de machine learning. Côté deep, un groupe a soumis et a posé la barre assez haut. Je reprends du café et un grand verre d’eau.

12h Je ne m’en sors pas côté deep. Trois groupes se plaignent de ne pas pouvoir soumettre côté machine Learning. Je prends la décision de leur donner les images a 13h30. Ils auront une heure pour m’envoyer leur prédiction et moi 30 minutes pour calculer toutes leurs scores. Je passe chez tous les groupes pour le leur dire. La deadline est à 14h pour les groupes de machine Learning qui n’arrivent pas à soumettre via l’API. Les fichiers de prédiction doivent être mis sur slack. J’ai une heure devant moi, court déjeuner, un rapide bonjour à tout le monde et direction mon tabouret pour mettre jour le leaderboard. Je ne ressens pas la fatigue. Je suis confiant. Je suis même joyeux. Je sais ce que je dois faire et je sais que je sais le faire. Ecrire cinquante lignes en une heure, c’est un sport que j’aime.

Aparté Je m’aperçois en écrivant ces lignes que je n’ai pas beaucoup de souvenirs de ce qui se passait autour de moi. Je me souviens d’une discussion avec un groupe où j’ai finalement pris la décision de lâcher les images de tests à 13h30, d’un autre qui cherchait son général, d’étudiants assis et qui peu à peu s’allongent à chacun de mes passages, quelques rires, je passe aussi pour leur dire d’éviter de rappeler le sujet dans leur présentation, c’est souvent une minute de perdue à dire ce que tout le monde sait. Je ne sais plus à combien de question j’ai répondu, j’ai un vague souvenir de questions plus techniques que d’habitudes. Python est plutôt bien maîtrisé ou alors le partage de connaissance entre les différentes promotions fonctionnent bien. Quelques premières années sont venus me voir car un bout de code marchait sur tous les portables de l’équipe sauf le leur, souvent des macs, celui que je maitrise le moins. Je n’arrive toujours pas à trouver les accolades sur le clavier azerty. Je ne comprends pas qu’Apple n’ait pas sorti quelque chose de plus élégant depuis.

13h Trois groupes font encore la course pour la première place du machine learning. Ils soumettent beaucoup. Je me prépare à calculer le score du deep. Je prépare le jeu de test que je zippe et met sur le slack de l’événement. Je passe ensuite voir tous les groupes pour m’assurer qu’ils l’ont bien reçu.

14h Je calcule la perf des groupes de machine Learning qui n’ont pas réussi à soumettre. Il faudra que je simplifie cette partie la prochaine fois. Je partage mon script car certaines soumissions retournent des résultats nuls. Pandas a quelques côtés cachés parfois subtils surtout en fin de hackathon. Ensuite je repasse voir les groupes de deep learning pour voir s’ils arrivent à calculer leur perf. Ca a l’air de marcher. Je commence à mettre à jour le leaderboard. Quelques soumissions viennent talonner celle qui trône à la première place depuis ce matin. J’explique que le taux de 60% de classification correspond à une réponse constante.

15h Tout est bouclé. J’exhorte le ou les derniers à soumettre maintenant si cela n’a pas été fait. Le leaderboard est figé même si je comprends que certains ont encore la volonté de le faire bouger. Je propose de commencer les présentations à 15h30. Antoine a craqué vers 14h dans un fatboy. Plus de son ni d’image. Il s’éveille vers 15h30 comme sorti d’un rêve surpris que le décor ait changé. Jean-Baptiste est toujours alerte. Quant à moi, je n’arrête pas d’aller partout pour pousser tout le monde vers l’auditoire mais c’est surtout pour ne pas m’endormir. Pour la première fois, je fais partie du jury ce que j’avais réussi à déléguer jusqu’à présent. Je n’étais pas sûr de rester conscient pendant tous les speech. Je redescends pour chercher les derniers retardataires, je passe dans les rangs tel un chauffeur de salle tout autant pour me chauffer moi.

16h Je prends des notes. Les speech défilent. Les orateurs sont brillants cette année. Je me régale sur la phrase : “mon intelligence n’est pas artificielle” prononcée par une élève. Il y aura d’autres perles et impertinences, quelques commentaires un peu négatifs sur le fait que j’ai coupé les machine virtuelle trop tôt. Pour une fois, ils se sont lâchés et c’était bien. J’adore ces petites piques.

17h Le jury… Il faut décider des prix. J’ai quelques idées mais je ne prends pas trop part. Je n’aime pas trop décider des vainqueurs. Je donne deux ou trois arguments donne mon approbation. Pour le moment, je savoure. J’ai eu peur tout du long, des participants qui arrivent en retard, de ceux qui partent dans la nuit, des bugs que je n’avais pas terminé de corriger. Je suis content d’être arrivé si loin. Ce hackathon ne ressemble à aucun autre auquel j’ai pu participer, c’est bruyant, c’est plein de vie. J’en ai fait un à Londres pour Microsoft. Il n’y avait plus que moi comme mentor après 10h du soir. Je suis parti à 1h du matin. Je suis revenu à 6h du matin. Je n’avais pas arrêté. C’était fou. Les idées les plus intéressantes ne sont pas nécessairement celles qu’on voit à la fin sur des slides, ce sont celles qu’on voit naître en pleine nuit. Le jury a fini. Les élèves remontent.

18h Dernier pot à Numa. Champagne. L’ambiance est détendue. Les élèves partent assez vite sans doute parce que la plupart habitent maintenant Saclay et qu’il reste facilement 1h30 jusqu’à destination. Il faudra terminer 1h plus tôt l’année prochaine si on veut étendre ce moment de convivialité. Les parisiens partent en dernier. Je distribue quatre fatboy pour n’en garder qu’un, celui qui m’avait été offert à Noël l’an dernier et que je n’avais pas utilisé jusqu’à présent. Je repars avec ma valise et suit les derniers élèves dans un bar pas loin. Je sais que je n’ai que deux heures devant moi avant de m’écrouler.

19h Direction un bar… Je m’en veux, j’aurais dû faire monter les mentors sur scène. Antoine et Jean-Baptiste ont été incroyables. Ca n’aurait pas été pareil sans eux. Je me demande pourquoi nous sommes tous là, pour défendre une certaine idée de l’école qui nous a diplômés ? Pour laisser des souvenirs à plusieurs promotions d’étudiants ? L’envie de transmettre… L’envie d’ouvrir une fenêtre dans l’école telle que je l’ai connue… Je n’ai jamais vu l’école comme une façon d’apprendre un métier utile pour la société. Elle transmet un savoir qui confère des pouvoirs magiques.